Le constructeur automobile a publié un nouveau rapport sur le développement durable dans lequel il omet de manière déguisée certains de ses objectifs stratégiques pour la fin de la décennie.
Lors de l’assemblée annuelle des actionnaires de Tesla en septembre 2022, le PDG Elon Musk a exposé ses objectifs pour la fin de la décennie. Des objectifs par ailleurs très ambitieux et conformes au scénario que le magnat américain observait à l’époque.
«En fin de compte, nous finirons par construire, je ne sais pas, probablement au moins 10 ou 12 Gigafactories», a-t-il déclaré. Il a ajouté que chacune d’entre elles pourrait produire entre 1,5 et 2 millions d’unités par an, de sorte que «penser à des chiffres tournant autour de 20 millions de voitures électriques par an n’est pas insensé».
Mais Musk n’a apparemment pas su prédire ce qui allait se passer dans quelques années. Le nouveau rapport sur le développement durable publié jeudi par le constructeur automobile américain souligne les problèmes de concurrence et de croissance auxquels l’entreprise est confrontée en Asie et en Europe. Tesla a supprimé de ses plans stratégiques l’objectif de produire 20 millions de véhicules électriques par an d’ici à 2030.
Une étude met fin à l’un des plus grands scepticismes entourant la voiture électrique
Tesla prétend avoir «oublié» son plan stratégique
Tesla visait à vendre 20 millions de véhicules d’ici la fin de la décennie, soit presque deux fois plus que Toyota, le plus grand constructeur automobile au monde. Toutefois, dans le document publié jeudi, l’entreprise a omis cet objectif stratégique, et la date de 2030 n’apparaît dans aucune des 160 pages du rapport.
Désormais, le rapport reflète de nouveaux objectifs : «remplacer les combustibles fossiles en vendant autant de produits Tesla que possible et, à cette fin, les rendre plus accessibles». La marque suggère ainsi la nécessité de rendre ses produits moins chers afin d’accroître encore sa part de marché mondiale.
Jusqu’à présent, Tesla a réussi à réduire le coût de fabrication d’un véhicule de près de 50% depuis 2018, en élargissant son portefeuille avec des modèles tels que le Model 3 et le Model Y et en déployant des usines plus efficaces. À la suite de la publication du rapport, les actions de Tesla ont chuté de plus de 2% sur le Nasdaq américain, à 175,62 $ (environ 162 € par action), ayant perdu près de 30% de leur capitalisation boursière depuis janvier.
Un signe de désintérêt ?
Les causes du ralentissement des ventes de Tesla, et de celles du marché global des voitures électriques, pourraient être dues à l’intérêt accru des clients pour les technologies hybrides, couplé à la concurrence internationale croissante des marques chinoises qui ont conduit Tesla à perdre des marchés dans plusieurs régions. En 2023, Tesla a vendu 1,8 million de véhicules et a prévenu dans ses derniers rapports que la croissance de cette année serait «nettement plus faible».
Dans le rapport, Tesla présente des statistiques sur son impact environnemental, sa consommation d’eau et la diversité de sa main-d’œuvre. Il révèle également la vision de l’entreprise en ce qui concerne ses relations avec ses fournisseurs de métaux. À l’heure où la demande de minerais pour les batteries des véhicules électriques et la guerre des tarifs douaniers entre les États-Unis et la Chine risquent d’affecter sa stratégie, Tesla affirme qu’«aucun matériau utilisé dans la chaîne d’approvisionnement ne provient de sources non autorisées».
Batteries LFP durables
«Nous travaillons avec Glencore pour mettre en place un système de suivi par satellite pour les opérations de la Kamoto Copper Company en République démocratique du Congo», explique-t-il. Tesla rejette le recours au travail des enfants dans la fabrication de ses voitures et note que ses cathodes de nickel nécessiteront toujours du cobalt, bien que dans une moindre mesure que d’autres batteries et marques du secteur.
L’entreprise utilise de plus en plus de batteries LFP (lithium ferrophosphate), qui ne nécessitent pas de cobalt, en particulier pour les produits énergétiques et de gamme standard. En outre, ses batteries sont conçues pour durer plus longtemps que le véhicule lui-même : après plus de 200.000 miles, les modèles 3 et Y conservent en moyenne 85% de leur capacité d’origine.
À la fin de leur vie utile, aucune de ces batteries n’est mise en décharge, mais recyclée en nouveaux packs de batteries. Contrairement aux combustibles fossiles, les matières premières nécessaires à la fabrication des batteries ne sont pas à usage unique et peuvent être recyclées. Même en période de forte demande, la transition vers une économie énergétique durable réduira l’extraction de matières premières de 18 gigatonnes par an.
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