Pour la première fois, la Commission européenne accorde une aide d’État à un fabricant pour qu’il construise une usine géante de batteries pour véhicules électriques sur le sol européen : avec 902 millions d’euros, l’usine de la société suédoise Northvolt sera située en Allemagne et développera, entre autres, des batteries au sodium considérées comme l’espoir de voitures électriques bon marché.
L’Europe vient ainsi de prendre une mesure importante pour protéger et promouvoir sa propre industrie des véhicules électriques, face à l’hégémonie actuelle de la Chine et à la “fuite des cerveaux” vers les États-Unis, où la mesure phare de Joe Biden (IRA) accorde de juteux bénéfices aux constructeurs. L’usine pourrait être opérationnelle dans deux ans et employer plus de 3 000 personnes.
Northvolt is proud to add sodium-ion to its cell portfolio, enabling the expansion of cost-efficient and sustainable energy storage systems worldwide.https://t.co/NKIYd6OWr7
Sept des dix premiers fabricants de batteries sont basés en Chine
Selon Benchmark Mineral Intelligence, il existe actuellement 240 gigafactories de batteries dans le monde, et d’ici 2030, il devrait y en avoir plus de 400. Pour l’instant, 82 % de ces usines se trouvent en Chine, bénéficiant de l’expansion des véhicules électriques que le pays a connue au cours des 11 dernières années grâce à un important plan d’aide de l’État.
Pour renforcer son industrie, outre les aides, la Chine a bénéficié de voitures électriques très bon marché, de beaucoup de matières premières et des usines de batteries des plus importants fabricants au monde. Plus précisément, sept des dix premiers fabricants de batteries, CATL en tête, sont basés en Chine.
Pendant ce temps, l’Europe et les États-Unis, qui ont pris du retard dans l’électrification de l’industrie, tentent de combler rapidement l’écart avec le géant asiatique, en construisant tout ce qu’il faut, depuis leurs propres cadres réglementaires pour stimuler le développement des batteries jusqu’à une base solide pour renforcer leur jeune chaîne de valeur.
Ainsi, alors que les États-Unis prévoient de mettre en service jusqu’à 38 usines de batteries au cours des six prochaines années grâce à la loi sur la réduction de l’inflation (IRA), qui prévoit des facilités pour les fabricants et des subventions à l’achat pour les conducteurs, 36 projets sont déjà en cours en Europe, notamment en Pologne, en Hongrie, en Allemagne et en France.
Aujourd’hui, avec l’importante allocation à l’usine Northvolt de Heide (Schleswig-Holstein), c’est la première fois que l'”aide compensatoire” incluse dans le nouveau “cadre temporaire de crise et de transition” pour les aides d’État adopté par l’exécutif européen en mars 2023 pour contrecarrer l’impact de l’IRA américain (doté de 369 milliards de dollars) en Europe a été appliquée en Europe.
Cette mesure protectionniste de l’UE, qui, selon la vice-présidente de la Commission européenne chargée de la concurrence, Margrethe Vestager, “ouvre la voie à une production accrue de batteries en Europe”, pourrait arriver à point nommé.
Elle permet d’utiliser les aides d’État pour tenter de compenser les investissements de tiers tels que les États-Unis et d’empêcher ainsi des entreprises puissantes comme Northvolt de s’installer de l’autre côté de l’Atlantique.
À l’heure actuelle, l’usine allemande aura une capacité annuelle de 60 GWh, pourra créer jusqu’à 3 000 emplois et produira des batteries pour 800 000 à 1 000 000 de véhicules électriques par an (en fonction de la taille de la batterie). L’usine devrait être opérationnelle à 100 % d’ici 2026 et atteindre sa pleine capacité de production en 2029.
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