Il y a quelques jours, BYD a confirmé le lancement de la Seagull en Europe. Son modèle le plus compact et le plus économique, qui arrivera à un prix inférieur à 20 000 euros, est devenu l’une des principales préoccupations des grands groupes occidentaux. Parmi eux, Ford, qui a déclaré que le niveau élevé de compétitivité de cette proposition suscitait des inquiétudes.
S’adressant à Bloomberg, Martin Sander, le patron européen de Ford, a indiqué qu’ils surveillaient de près la BYD Seagull, et a déclaré : «Bien sûr, nous sommes nerveux face à l’arrivée d’une nouvelle concurrence».
Il a raison, car la Seagull, appelée Dolphin Mini en dehors de la Chine, connaît un grand succès commercial. Il a même commencé à s’étendre en dehors de son marché d’origine, avec des ventes dans des pays comme le Brésil, l’Uruguay et le Mexique.
Sur le marché mexicain, la Dolphin Mini se vend à 358 800 pesos, soit 19 895 euros au taux de change, dans sa version 30 kWh et 300 km d’autonomie, tandis que la variante 39 kWh et 400 km d’autonomie se vend à 398 800 pesos, soit 22 118 euros au taux de change.
Mais malgré un coût un peu plus élevé que d’habitude sur ce segment du marché mexicain, et un réseau de recharge quasi inexistant, la Dolphin Mini parvient à attirer un nombre croissant d’acheteurs, à la surprise même de BYD, qui ne s’attendait pas à un tel niveau de demande sur un marché mexicain où l’on s’attendait à vendre principalement des SUV et des pick-up.
Parmi ses attraits, un design très réussi, un niveau de qualité supérieur à ce qui se fait habituellement dans le segment, qui s’étend à un équipement où l’on trouve des éléments tels que le contrôle de la vitesse ou la recharge sans fil pour les téléphones portables.
Les tarifs, un outil inefficace
Face à cette perspective, l’Europe envisage d’augmenter les droits de douane sur les voitures électriques chinoises. Une mesure à laquelle s’oppose une large représentation, car elle reviendrait à ralentir l’adoption des voitures électriques dans un marché aussi dépendant de l’énergie que le nôtre.
Des voix comme celle de Julia Poliscanova, directrice des chaînes d’approvisionnement pour les véhicules et la mobilité électrique au sein du groupe de pression Transport & Environment : «Les droits de douane ne devraient pas être utilisés pour protéger nos grands constructeurs d’une concurrence importante. Ce qui compte, outre les objectifs climatiques, qui sont essentiels, c’est d’avoir des emplois locaux et que la décarbonisation ne se traduise pas par une désindustrialisation».
Les propos de l’un des principaux groupes automobiles mondiaux, Stellantis, sont également importants. Selon son président, Carlos Tavares, «nous n’avons pas l’intention de laisser l’arc des prix bas s’ouvrir à nos concurrents chinois. Nous ne pensons pas que le protectionnisme nous permettra d’échapper durablement à cette concurrence».
Pour M. Tavares, la solution consiste à agir le plus rapidement possible pour contrer la concurrence croissante de la Chine. Pour ce faire, il a signé un accord avec Leapmotor, qui lui donne accès aux avantages en termes de coûts et à la technologie des voitures électriques de la marque chinoise.
Le fait est que les fabricants du géant asiatique étendent lentement mais inexorablement leurs ventes en dehors de leurs frontières, et alors que la part globale des marques du géant asiatique sur le marché des voitures électriques en Europe était de 8,7 % l’année dernière, on estime qu’elle atteindra 11 % cette année, et 20 % d’ici à 2027.