Parler de Toyota et de voitures électriques, c’est entrer dans un débat intéressant. Alors que les grands constructeurs occidentaux misent sur l’électrification de leurs gammes, Toyota avance à son rythme.
En effet, la marque japonaise a déjà programmé l’arrivée d’une large gamme de modèles 100% électriques à partir de 2026. Elle travaille également sur différentes technologies de batteries, au lithium et à l’état solide, afin d’améliorer l’autonomie de ses voitures tout en réduisant les coûts. Son objectif est d’atteindre 600.000 unités de voitures électriques vendues d’ici 2025, alors qu’en 2023, il a à peine atteint 95.000 unités (1% de l’ensemble de ses ventes mondiales).
Cependant, il est tout aussi vrai que Toyota n’abandonne pas ses efforts pour continuer à développer et à investir dans d’autres types de technologies de propulsion. Toyota reste fidèle aux hybrides conventionnels, la technologie qui a propulsé la marque vers l’avant il y a des décennies et qui continue d’être une force mondiale en termes de ventes. Toyota reste également engagé dans le développement de la technologie des piles à combustible et de l’hydrogène, malgré le fait qu’il n’y ait que très peu de modèles sur le marché aujourd’hui.
Akio Toyoda doute à nouveau des voitures électriques
Cette stratégie a un nom et un prénom : Akio Toyoda, ancien PDG de Toyota jusqu’en mars 2023 et actuel président, a été l’une des pierres angulaires de la croissance de la marque au cours des 15 dernières années, mais aussi lorsqu’il s’agit de sauter cette première phase d’électrification des gammes de voitures que nous avons vue chez d’autres constructeurs.
L’arrière-petit-fils du créateur de Toyota et petit-fils du fondateur du constructeur automobile a une nouvelle fois exprimé sa désapprobation quant à l’état actuel du marché automobile et à la pression exercée sur les constructeurs pour qu’ils électrifient leurs gammes de voitures à un rythme accéléré. M. Toyoda ne conteste pas l’objectif, qui est d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, mais les moyens d’y parvenir.
Bien qu’il ait quitté son poste de PDG de la marque, il reste au conseil d’administration en tant que président. Lors d’une conférence sur le système de production de l’entreprise, Toyoda a fait une déclaration qui est largement commentée. Il prédit que les voitures électriques ne représenteront que 30% de la part de marché, «quelle que soit leur progression». Pour Toyoda, le reste sera occupé par les hybrides, les hybrides rechargeables et les véhicules à hydrogène : «Je pense que les voitures à moteur à combustion resteront définitivement».
L’ancien président de Toyota a curieusement été, ces dernières années, l’un des opposants à l’arrivée massive des voitures électriques, estimant que le moment n’est pas encore venu et appelant à des réglementations gouvernementales plus souples.
Bien que Toyoda pense que les voitures électriques ne représenteront que 30% du marché mondial, certains marchés importants se situent au-dessus de ce seuil ou en sont très proches. La Norvège, par exemple, a répété en 2023 les meilleurs chiffres au niveau mondial, avec 82,4 % des ventes de voitures 100% électriques.
Dans la Suède voisine, elles atteignent déjà 32%, tandis qu’en Chine et aux Pays-Bas, elles sont déjà à 24%. Les États-Unis, par exemple, après avoir vendu 1,2 million de voitures électriques l’année dernière, en sont à 7,6% et visent une proportion à deux chiffres d’ici à 2024. La Chine est un exemple clair de la façon dont les statistiques peuvent changer en très peu de temps : avant d’atteindre près d’un quart des ventes en 2023, elles atteignaient à peine 6% en 2020.
Par ailleurs, les estimations de BloombergNEF suggèrent que les ventes de voitures électriques atteindront 75% d’ici 2040, ce qui est bien loin des prédictions de l’ancien PDG de Toyota. Une marque dont la chaîne d’approvisionnement en voitures électriques est l’une des moins développées à l’heure actuelle et qui risque, comme cela s’est déjà produit pour d’autres grandes marques telles que Kodaq, IBM et Nokia, de tomber dans le «dilemme de l’innovateur».