L’Italie veut que son industrie automobile se développe, mais sans rien dépenser. Stellantis a déjà prévenu le gouvernement qu’elle attendait une offre intéressante ou qu’elle irait voir ailleurs.
L’avènement de la voiture électrique a bouleversé l’industrie automobile. Changements majeurs dans les stratégies, les objectifs et la production. La compétitivité est flagrante. Tous les pays tentent d’attirer les investissements, mais tous n’affrontent pas ce cap avec le même sentiment.
L’Italie veut maintenir son tissu d’entreprises, mais ne veut pas y investir. Le PDG de Stellantis a été très direct dans sa réponse au gouvernement italien : soit il prend la mobilité électrique plus au sérieux, soit ses investissements peuvent être dirigés vers d’autres régions du monde.
Stellantis est devenue l’un des poids lourds du secteur. Basée à Amsterdam, la société possède des marques telles que FIAT, Alfa Romeo, Lancia et Maserati, de grandes entreprises italiennes qui ont besoin de la coopération du gouvernement. L’exécutif de Giorgia Meloni n’a pas mâché ses mots en ce qui concerne les aides à l’achat de voitures électriques.
Sans avantages significatifs, la mise en œuvre de la mobilité durable est à la traîne. Le gouvernement subit la pression de différents organismes et organisations, mais la plus redoutée et la plus sensible est celle que vient de lancer Carlos Tavares, le patron de Stellantis.
Soit ils investissent dans la voiture électrique, soit Stellantis cherche d’autres pays pour réduire ses coûts
La guerre ouverte entre l’entreprise et le gouvernement fait rage depuis plusieurs jours. L’Italie veut que ses voitures soient fabriquées sur son territoire. «Si nous voulons vendre une voiture sur le marché international en la présentant comme un joyau italien, cette voiture doit être produite en Italie».
L’industrie automobile italienne est l’une des plus importantes. Elle contribue pour une large part au revenu national et génère des milliers d’emplois dans tout le pays. Meloni veut maintenir ce réseau de production en vie, mais sans faire de grandes dépenses pour aider ou attirer des marques. C’est exactement ce que demande Stellantis, non seulement en Italie, mais aussi dans d’autres pays.
M. Tavares a été aussi clair que critique, déclarant à Bloomberg : «L’Italie devrait faire davantage pour protéger les emplois dans le secteur automobile au lieu de désigner des boucs émissaires et d’attaquer le propriétaire de FIAT».
Le PDG de Stellantis n’acceptera pas les déclarations négatives à l’encontre de son entreprise. «Avec cette stratégie, ils essaient d’éviter d’assumer la responsabilité du fait que si vous n’accordez pas de subventions pour l’achat de véhicules électriques, vous mettez l’économie italienne en danger (…) Si vous ne voulez pas que les véhicules électriques progressent, vous n’avez qu’à arrêter les subventions (…) Il est évident que c’est ce que le gouvernement italien a fait. Le marché des véhicules électriques en Italie est très, très petit».
Pour couronner le tout, M. Tavares a salué l’excellent travail réalisé par d’autres pays, comme le Maroc. Nos voisins du sud tentent d’accroître leur attrait pour les constructeurs automobiles.
L’Italie et Stellantis ne peuvent que se comprendre. Les usines de Mirafiori et de Pomigliano, près de Naples, sont celles qui risquent le plus de perdre des emplois. Les deux parties ont beaucoup d’enjeux dans cette guerre, et ce sont peut-être d’autres pays qui tireront profit de la confrontation.
L’Espagne a assuré sa position au sein du conglomérat. En fait, Stellantis est le plus grand producteur du pays : plus d’un million de voitures de différentes marques du groupe ont été fabriquées dans le pays l’année dernière.